Fabrication

Les étapes de fabrication d’une canne en châtaignier

Cet article provient du site Cannes et Bâtons, avec l’accord de son concepteur, Monsieur Jean-Olivier Bourbon, que nous remercions.

ÉTAPE 1- LE CHOIX DU BOIS

Si l’on veut une canne avec un fût bien droit, il faut utiliser des rejets de châtaigniers.

Dans les châtaigneraies entretenues, à la base des souches des arbres coupés, poussent des rejets rectilignes cherchant à retrouver la lumière au dessus de la canopée.

Le bois doit être en sève, car la sève a un rôle primordial dans le formage et le maintien en forme de la canne.

La récolte du bois a donc lieu des premiers bourgeons à la fin de la chute des feuilles.

Une fois coupé, le rejet ne doit pas être gardé plus d’une semaine trempé dans l’eau.

ÉTAPE 2 : LA CHAUFFE

Le rejet est chauffé à cœur avec son écorce sur un feu intense.

Cette chauffe a trois objectifs :

d’abord de ramollir les fibres pour pouvoir plier la canne, ensuite que l’écorce, qui empêche le bois de brûler, puisse se retirer facilement, enfin que la sève se transforme, après refroidissement et séchage, en une dure résine qui maintiendra la canne en forme malgré la moiteur de la main sur l’anse de la canne ou l’humidité ambiante.

La chauffe est terminée lorsque le rejet est brûlant, mais non brûlé, et que la sève s’échappe sous forme de vapeur.

ÉTAPE 3 : LA MISE AU BANC DE FORMAGE

Le banc est en chêne, en hêtre ou en châtaignier.

La table a entre 2,5 et 5 cm d’épaisseur pour supporter les tensions générées par le formage.

Au quart d’un des deux bouts de la table est fixé le moyeu (amovible et de taille modifiable) autour duquel est tournée la canne pour faire l’anse.

Une pige principale maintien le rejet à son extrémité la plus grosse.

Le rejet est positionné en forme contrariée, c’est à dire que le rejet sera plié dans le sens contraire de sa légère courbure naturelle.

ÉTAPE 4 : LE FORMAGE DE LA CANNE

Le rejet est plié progressivement par traction sur le fût de la future canne.

Traction à la fois perpendiculaire mais aussi longitudinale pour étirer les fibres du bois.

Au fur et à mesure du formage sont enfichées dans le banc des piges d’environ 1,5 cm de diamètre pour maintenir la canne en flexion.

ÉTAPE 5 : CERCLAGE DE LA CANNE

Une fois la forme complètement réalisée sur le banc, et la canne bloquée par les différentes piges, il s’agit de la cercler.

Mais avant cette étape il faut dégager sur le banc l’écorce de la partie externe de l’anse.

Ceci rendra les étapes suivantes plus faciles à réaliser. Une saignée dans le banc, sous l’anse de la canne, permet de passer une corde de sisal d’environ 70 cm de longueur.

L’anse de la canne est ligaturée par un double nœud droit de la manière la moins lâche possible.

ÉTAPE 6 : LIBÉRATION DU BANC

En retirant les piges une à une depuis l’extrémité la plus fine de la canne, la corde de cerclage va se tendre et l’anse s’ouvrir un peu.

La canne peut être retirée du banc.

Pour redonner à l’anse la forme originale sur le banc, et éviter que la corde de sisal ne marque le bois en séchant, il faut placer deux cales demi-rondes entre la corde et le bois de chaque coté de l’anse.

Des chutes de rejets de châtaignier fendus en deux conviennent parfaitement.

ÉTAPE 7 : ÉPLUCHAGE DE L’ÉCORCE

Si le fût de la canne n’a pas été chauffé en même temps que l’anse, il est utile de mettre cette partie sur le feu pour retirer plus facilement l’écorce.

Cela permet aussi éventuellement de corriger à chaud la courbure du fût de la canne.

Le premier aubier qui se trouve sous l’écorce prend une teinte rouge violacée par phénomène d’oxydation à l’air.

ÉTAPE 8 : RETRAIT DU PREMIER AUBIER

Le premier aubier est spongieux et fibreux.

Il n’apporte rien à la solidité de la canne, et ne permet pas de lui donner un aspect lisse et brillant à la finition.

Le premier aubier a une épaisseur de quelques dixièmes de millimètres.

Il est retiré en raclant la canne avec un couteau dans le sens des fibres.

ÉTAPE 9 : SÉCHAGE DE LA CANNE

Le séchage dure de 3 semaines à 1 mois et demi.

La canne est pendue dans un endroit sec à température ambiante uniforme.

Il ne faut pas la pendre près d’une source de chaleur qui la ferait se courber en fonction de la différence de température entre la face proche de la source de chaleur et l’autre côté.

Elle est accrochée par le milieu du lien de l’anse de façon à maintenir le fût le plus verticalement possible.

La canne est sèche lorsque le lien devient lâche, et que les cales sont prêtes à tomber par manque de tension de la corde.

En effet la canne, en séchant, va perdre 30% de son poids, et 20% de son diamètre, mais gagner en solidité…

ÉTAPE 10 : PONÇAGE

Après avoir retiré le lien, les restes d’écorce et d’aubier, il faut aplanir les nœuds du bois avec une râpe.

Un premier passage au papier de verre gros grains permet d’avoir l’aspect général de la canne avant finition avec des papiers de verre de plus en plus fin.

ÉTAPE 11 : TEINTURE

La couleur finale de la canne tient compte de trois facteurs : le type de bois utilisé, la teinture, le cirage.

La base de teinture utilisée est le brou de noix plus ou moins dilué.

Le brou de noix non dilué donnera un ton « chêne rustique ».

Sans teinture, la canne cirée aura un ton allant de « pin blanc » à « noyer » selon la cire utilisée.

Il est toujours possible de corriger la teinte en passant une éponge humide pour l’éclaircir, ou en passant une autre couche de teinture pour la foncer.

ÉTAPE 12 : PASSAGE A LA PAILLE DE FER

Il faut utiliser une paille de fer « 00 » pour éliminer les barbes du bois qui auront été soulevées par la mise en teinture.

Même sans mise en teinture, le passage en paille de fer est utile pour avoir une canne lisse et brillante.

La canne est frottée dans le sens des fibres du bois.

ÉTAPE 13 : CIRAGE

De nombreuses cires dites « d’antiquaire » existent.

Il est possible de créer sa propre cire teintée à partir de cire neutre et de pigments colorés pour obtenir des cannes de toutes couleurs pastelles.

Le vernis est peu recommandé pour les cannes qui n’ont pas encore suffisamment vieillies.

Elles doivent encore pouvoir respirer pour se stabiliser.

ÉTAPE 14 : LUSTRAGE

Le lustrage est fait avec un chiffon de laine.

Si l’aspect n’est pas suffisamment concluant, il suffit de recommencer la 12ème et la 13ème étape.

Étapes complémentaires

La mise à hauteur pour son futur propriétaire

Pour couper la canne à la bonne hauteur, il faut mettre la canne, anse en bas, posée par terre, et couper le fût au niveau de la ceinture de son futur propriétaire. Il vaut mieux couper la canne trop grande que trop petite. Il est plus facile de la raccourcir… que de la rallonger !

La pose d’une ferrure

Pour une canne souvent utilisée, il peut être utile de protéger l’embout de la canne par un cerclage. La façon la plus simple est d’utiliser un morceau de tube de cuivre, laiton, ou acier de 12 millimètres de long, et du diamètre du bout de la canne. Un trou percé à 4 millimètres d’un des deux bouts du tuyau permettra de maintenir la ferrure en place avec une petite pointe courte à tête plate ou ronde. Le cerclage est posé en force après avoir aminci le bout de la canne sur 11 millimètres.

La sculpture de la canne

Elle se fait à la 10ème étape. Gouges, râpes, scalpels, cutters, lames de scie à métaux sont les principaux outils nécessaires.