Bâton français | Bâton

© Benjamin Bechet

On utilise un morceau de bois plus grand que la canne et qui doit être saisi à deux mains (au niveau taille, 1,4 mètre et pour le poids, entre 450 g et 500 g). Il n’existe pas d’assaut en bâton à proprement parler, mais plutôt des « échanges », en effet, même avec des protections, ce sport reste relativement dangereux. La beauté du geste et le réalisme des coups permet d’avoir une approche atypique du maniement du bâton.

LES COUPS :

Aux six coups de base de canne (donnés cette fois à deux mains sur les mêmes surfaces), s’ajoutent des coups « coulissés » et des piqués. D’autres coups sont possibles bien entendu, mais sortent un peu de la stricte codification sportive.

Il n’y a pas, en bâton français, de trajectoires obliques, trajectoires dangereuses et difficiles à parer : notre approche est plus axée sur la beauté du geste, que sur son efficacité pure. Le principe de respect des trajectoires permet de sécuriser la pratique dans le cadre d’un échange entre deux bâtonnistes.

Plusieurs pratiques revendiquent l’appellation « bâton français ». Il y a la pratique héritée de Charlemont qui, dans « L’art de la boxe française et de la canne, nouveau traité théorique et pratique » (1899), parle un peu du bâton en précisant que les techniques sont les mêmes que celles de la canne, mais à deux mains…

Ensuite, on trouve certainement la méthode la plus utilisée de l’époque, « L’École de Joinville » (on parle parfois de « bâton de Joinville »). Là, l’enseignement du bâton était institutionnalisé et constituait l’un des éléments d’enseignement de « gymnastique française ».  Il y a d’autres méthodes, plus proches de la self défense qui ont découlé de cette école Joinville, mais cela reste anecdotique.

Aujourd’hui, après quelques approches intermédiaires à ces deux grands courants, on parle de bâton « méthode fédérale » concernant l’ensemble de techniques validées par la Fédération française de Savate et Disciplines associées (dont le Comité National de Canne de Combat fait partie), méthode essentiellement liée à la codification de la canne de compétition par Maurice Sarry, dans la fin des années 1970, et axée sur l’opposition avec un partenaire (ce que nous appelons aussi « échange »).

À l’ASCA, nous avons choisi de nous appuyer principalement sur l’approche initiale de Maurice Sarry, en développant un style particulier du bâton français à la fois exigeant techniquement, esthétiquement et sportivement. Cette approche « méthode ASCA » ou « École ASCA » est reconnue comme l’une des plus exigeantes et techniques dans le domaine du bâton français.

Cette merveilleuse discipline commence à bénéficier d’un certain éclairage médiatique mais beaucoup de travail reste à faire car les atouts sont indéniables : que ce soit au niveau de la préservation d’un patrimoine historique liée de longue date à la pratique des armes en Europe, mais également par rapport à son approche purement technique et ludique. Il existe très peu de spécialistes de cette arme majeure, en France, et par conséquence, assez peu de clubs sportifs qui proposent l’enseignement du bâton.

© Benjamin Bechet

La pratique du bâton français a beaucoup évolué ces dernières années, depuis le travail de codification de  Maurice Sarry ainsi qu’à l’appropriation et la découverte de nouveaux éléments techniques associés. L’ASCA, en 2017, consacre 8 heures de cours par semaine à la pratique du bâton et bénéficie d’une position de tout premier ordre au niveau du développement d’une école de bâtonnistes exigeants et complets. Un très grand nombre d’élèves bâtonnistes continuent de découvrir cette formidable discipline et désormais plusieurs enseignants poursuivent cette recherche de l’excellence à nos côtés. Le bâton français a été présenté, par les bâtonnistes de l’ASCA, lors de différentes éditions du prestigieux Festival des Arts Martiaux de Bercy (AH ARENA), ainsi qu’au tout premier Festival des Arts Martiaux Nord Europe de 2015.

La recherche de l’optimisation des gestes, du travail du poids « corps + bâton », apparaît comme un élément essentiel en bâton, tel que nous l’enseignons au sein de l’ASCA. Les déplacements induits par le bâton et les distances de frappes sont également des points importants dans une étude approfondie du maniement du bâton.

Désormais, l’approche du bâton par l’ASCA peut être abordée sur trois axes :

  • la manipulation
  • la recherche des sensations (travail du poids du bâton, de l’espace…)
  • l’échange (avec un partenaire)

Selon nous, c’est la cohésion de ces trois axes, le travail homogène de ces trois notions qui permet au bâtonniste de développer sa pratique, en fonction de ses propres capacités et de sa personnalité. Ici, on cherchera la souplesse, l’esthétique et la précision des gestes, tout en restant tourné vers une pratique ludique d’opposition, notamment au travers des échanges avec un partenaire. Bien entendu, plus le niveau de pratique augmente, plus les bâtonnistes pourront aborder les notions d’assaut maîtrisés. Notre objectif est de ne pas laisser beaucoup de place à l’improvisation, mais plutôt d’essayer de maîtriser son corps et son arme.

De la même façon, depuis plus de 15 ans maintenant, l’ASCA a créé une nouvelle discipline, le double bâton, c’est à dire le maniement de deux bâtons à la fois. Là encore, un travail pragmatique accès sur les sensations des bâtons dans l’espace et une grande préparation physique sont nécessaires !

Le bâton français est un sport très riche est bien sûr adapté à un très large public de pratiquants, que ce soit pour ses qualités sportives, ludiques ou artistiques, mais surtout pour la possibilité de travailler l’aspect technique lié à l’arme et à la maîtrise de l’ensemble « corps+arme ».

 

Ousmane Snow, Lutteurs au bâton, 1999, Pont des Arts, Paris | © Art Fareins

Le bâton est en train de retrouver ses lettres de noblesses en relation avec le patrimoine culturel et sportif qu’il véhicule, en Europe ainsi qu’au niveau international.

Frédéric Morin
Professeur BE Bâton Canne

Président ASCA PARIS