Exigence technique en bâton

La précision dans la pratique du bâton français

Suite à différentes discussions, lors des cours, je vous propose d’approfondir un peu ce sujet en prenant quelques axes d’approches.

Les pieds
Pour éviter les mouvements parasites qui peuvent entraîner des repositionnements des mains, des déséquilibres en cas d’accélération, des erreurs de placements… le bâtonniste doit veiller à positionner ses pieds correctement. Le pied avant est directionnel et le pied arrière légèrement en retrait à 45°. Lors des déplacements, il n’y a pas de croisements sauf si ces mouvements sont voulus et non subis. Nous travaillons parfois des mouvements de « l’homme saoul » avec des déplacements à base de croisements de pieds et de mini chutes. L’objectif est d’utiliser ces déséquilibres pour lancer le bâton avec une forte inertie. La difficulté, alors, est de corriger les trajectoires pour que le coup soit valide… Cette technique est très consommatrice d’énergie et d’attention afin de ne pas blesser le partenaire, ni se blesser soi-même !

La touche
La précision en bâton peut également être abordée sous l’angle du travail de la touche, à distance. La codification précise que la touche peut se faire avec le quart supérieur, ou parfois le tiers supérieur du bâton… nous travaillons essentiellement avec le bout du bâton, sur des touches au dernier centimètre ! A ce niveau, le moindre mouvement du corps peut ou non influencer le résultat !

De mon point de vue, l’apprentissage du bâton français dépasse largement le cadre de la codification technique, car il s’appuie avant tout sur la recherche des meilleurs mouvements à effectuer pour que l’ensemble corps-bâton s’intègre au mieux dans l’espace (dans un cadre « codifié »). Il faut sans cesse être à l’écoute du poids du bâton. Cette notion est particulièrement difficile à appréhender, car là, peu importe le mouvement associé. Il s’agit de sentir le poids du bâton et d’utiliser son corps pour toujours sentir les points d’équilibre et jouer avec, sur place ou en déplacement. Les caractéristiques du bâtons, sa taille, sa forme, sa matière, le fait qu’il soit tenu à deux mains exerçant une pression plus ou moins forte avec les doigts sur l’arme, le type de mouvement exécuté tout participe à la recherche du mouvement optimum.

Le bâtonniste doit ne faire qu’un avec son arme et cela passe par une découverte préalable de tout ce que l’on peut faire avec, dans l’espace, sans contrainte. La codification va ensuite structurer la pratique, la coordonner. Il faut également avoir en tête le fait que si l’on veut pratiquer longtemps, il faut savoir s’économiser, faire attention à ses placements, ne pas forcer sur les articulations par exemple, faire attention aux effets de leviers qui sont importants lorsque l’on tient le bâton à bout de bras… Il faut rester éveillé, présent, mobilisé même dans la décontraction, rester vigilant, car l’arme reste dangereuse. Bien entendu, le respect de l’intégrité physique, dans notre sport, est une priorité et donc, tous les mouvements doivent rechercher une sorte d’harmonie corporelle. La fluidité (que nous avons abordée récemment) et le relâchement sont des axes à privilégier de mon point de vue, afin de gagner en « efficacité » corporelle.

 

Frédéric Morin

Professeur canne de combat et bâton français